vendredi 9 mars 2012

Au pays des Têtes à Claques

«Les têtes à claques», c’est près de 200 clips et plus de 400 millions de vues sur le Web. Tout ça depuis 2006. Mais, depuis un an, plus rien. «On travaillait à l’élaboration d’une série», explique Michel Beaudet, créateur du phénomène québécois. Les fans s’en doutaient, la nouvelle est donc confirmée: en janvier 2012, Canal+, Télétoon au Canada et le site Tetesaclaques.tv diffuseront la première série dérivée des vidéos humoristiques, «Au pays des têtes à claques». Huit épisodes de trente minutes regroupant tous les personnages cultes. Les deux premiers seront proposés demain au cinéma Rex de Vevey en avant-première mondiale, dans le cadre du Montreux Comedy Festival (la séance est complète).

«Après quatre ans, on voulait des histoires plus longues, raconte l’ex-publicitaire. Les clips sont devenus de plus en plus sophistiqués, les personnages bougent. La série TV, c’est de l’animation complète, tout en gardant le côté minimaliste que les fans aiment.» Minimaliste. Au bout du fil, sortant de la bouche de Michel Beaudet, le mot prononcé avec l’accent québécois fait automatiquement penser à l’un des épisodes les plus drôles des «Têtes à claques»: «Halloween» et ses deux enfants déguisés en clowns. C’est en effet lui qui continue à faire toutes les voix. C’est aussi ses yeux et sa bouche qui sont superposés sur les figurines que l’on voit à l’écran. «Malheureusement, je me suis créé un monstre que je dois supporter. Ma tête est coincée dans une sorte de guillotine et je dois la garder immobile le plus possible. J’ai déjà pensé déléguer, mais ça prendrait beaucoup trop de temps.»

Monique et Lucien se séparent
Avec Hugo Caron, directeur artistique, Simon Parizeau, monteur vidéo, et Alexis Cadieux, pour coécrire les textes, c’est donc la même équipe d’origine qui a planché sur la série, aidée tout de même par d’autres personnes. «Ça nous a fait du bien de travailler sur un nouveau format, confie Michel Beaudet. La tâche était plus lourde, mais il y a un côté plus facile à se concentrer sur des histoires plus longues.» Elles sont donc au nombre de huit, toutes différentes, narrant l’invasion des Martiens, une épidémie de grippe barbecue ou le procès d’Uncle Tom («notre personnage fétiche»). Les fans apprendront aussi que Monique et Lucien se séparent (!) et découvriront des petits nouveaux. «On a un chef scout, un petit joufflu très drôle. On va sûrement le réutiliser dans d’autres aventures.»

Michel Beaudet tournera d’ailleurs cinq épisodes supplémentaires après les Fêtes, notamment un spécial Halloween et une version maison du «Seigneur des anneaux», pour clore la saison 1. La série devrait en compter deux en tout. Et ensuite? «Prendre une pause, puis développer tout à fait autre chose.» D’ici là, les fans pourront faire perdurer le mythe avec une application pour créer sa propre «tête à claques» à l’aide d’une webcam. Minimaliste jusqu’au bout, mais culte.

dimanche 23 octobre 2011

L'autre télé, c'est maintenant le web

Le «vieux» slogan de Télé-Québec ne saurait mieux s’appliquer qu’au web. Tout a commencé par Michel Beaudet. En désespoir de cause, le créateur des Têtes à claques, qui n’arrivait pas à trouver de diffuseur pour sa série humoristique, s’est finalement résigné à la transporter sur internet. Succès nstantané, comme on le sait, mais ce qu’on ne savait pas, c’est que son geste ferait école. Aujourd’hui, non seulement le web est devenu dans presque tous les pays un banc d’école pour des centaines de jeunes comédiens et des dizaines d’auteurs et de réalisateurs, mais c’est aussi pour plusieurs la porte d’entrée de la «grande» télévision. Comme pour celle-ci, les divers fonds d’aide ont même accepté qu’on pige dans leurs cagnottes pour créer de nouvelles séries. Parce qu’elles sont diffusées sur internet plutôt qu’à la télé traditionnelle, plusieurs de ces séries sont vraiment interactives.

UN SUCCÈS QUI SE POURSUIT EN FRANCE
Les têtes à claques fut la première à se retrouver sur l’écran d’une télévision généraliste. On les a présentées à la SRC avec un succès mitigé, mais elles continuent de faire merveille sur Canal+ en France et à Télétoon. Si tout se passe comme prévu, une séquelle, Au pays des Têtes à claques, comprenant huit épisodes d’une demi-heure, sera diffusée sur Canal+ et Télétoon au début de l’an prochain.

Comment survivre aux week-ends a trouvé le chemin de TVA après 39 épisodes de huit minutes chacun diffusé sur le web. On a réaménagé toutes ces courtes comédies pour en faire 10 épisodes d’environ 24 minutes. Une autre Websérie dont on parle beaucoup, c’est Chroniques d’une mère indigne. Elle n’a pas encore trouvé le chemin du grand écran, mais on peut la visionner sur Toutv et sur YouTube.

MES COLOCS SUR M6
Le même phénomène se produit en France. Sur Dailymotion seulement, l’équivalent français de YouTube, les webisodes de Mes colocs ont été visionnés plus de six millions de fois. Ces capsules de quelques minutes mettent en scène quatre colocs: Valentine, étudiante en médecine, Sacha, un Russe qui passe toutes ses journées en sous-vêtements, Mustapha, un poète raté qui se prend pour un chanteur et Simon, un crack absolument pas doué pour la vie en société. La websérie, commanditée dès le départ par BNP Paribas, l’un des plus grands groupes bancaires du monde, fait si bien sur le Web que M6 doit lui trouver une place à son antenne dès l’an prochain.

DES FESTIVALS SPÉCIFIQUES
J’ai déjà dit tout le bien que je pense de Libtv, en particulier des extraordinaires «topos» Ramesh, personnifié par l’humoriste André Sauvé. Les séries de Libtv, contrairement à la plupart des autres, ne sont pas disponibles pour tous. Il faut être connecté à Illico web pour les visionner. Pour l’instant du moins… On peut tout de même voir des extraits sur YouTube.

Il n’est plus permis de douter de l’intérêt et de la pérennité des Webséries. À preuve, on leur consacre maintenant de grands festivals, à commencer par le Los Angeles WebFest qui a eu lieu du 25 au 27 mars. Le week-end dernier, c’était au tour de Marseille, en France, d’accueillir le meilleur de la production mondiale de webséries. À Marseille, 22 Webséries de 12 pays différents étaient en compétition. Malheureusement, pour des raisons que je ne m’explique pas, on n’a retenu en compétition aucune websérie canadienne. Ce n’est pas normal.